vendredi 12 avril 2013

Voix du Gaou : il faudra encore baisser le son

Le rapporteur public sauve le festival mais requiert une obligation absolue de respect des nomes acoustiques.

Le rapporteur public de la cour administratif d’appel de Marseille n’a pas soutenu hier la demande d’interdiction des concerts au Gaou, telle que formulée par un riverain excédé depuis des années par les nuisances sonores de ce festival varois dont le succès va croissant depuis 1997, attirant jusqu’à 42.000 personnes.
La cour était saisie en appel par un résident secondaire, Jean-Luc Delmas, et une association pour la protection des sites et du littoral du Brusc et de la presqu’île du cap Sicié, d’une décision du 27 février 2011, du tribunal administratif de Toulon. Les juges avaient certes reconnu une carence fautive de la commune qui n’avait pris « aucune mesure pour remédier aux nuisances sonores avant 2008 » et l’avaient condamnée à dédommager ce riverain à hauteur de 15.000 euros. Mais les premiers juges ont omis de tenir compte du rapport déposé par le dernier expert en acoustique. C’est pour ce grief formel, que le rapporteur a demandé l’annulation du jugement.

« Trouver le juste équilibre »
Pour autant, le rapporteur, M. Salvage, a considéré sur le fond qu’une mesure d’interdiction totale serait disproportionnée s’agissant d’une manifestation culturelle qui « répond à l’intérêt général ». Le festival est désormais exploité en délégation de service public. Le rapporteur public prend acte de l’ensemble des mesures prises par la commune pour diminuer les nuisances sonores : adoption d’un nouveau système de diffusion des fréquences graves, nombre d’enceintes porté de 18 à 9, axe de diffusion acoustique réorienté de 90 degrés vers la mer, annulation des concerts en cas de vents trop forts, etc.

Un avenir délicat
« L’exercice est délicat pour le maire mais nous comprenons les riverains qui doivent vivre pendant le festival. Il faut trouver le juste équilibre quant aux nuisances imposées », analyse le rapporteur, rassurant sur l’existence même de ce « désormais célèbre festival » : « Il ne nous parait pas qu’il soit nécessaire d’interdire le festival eu égard à son importance. Il faut trouver une solution », souligne le magistrat dont l’avis est généralement suivi.
En conclusion, il requiert à la cour d’« enjoindre le maire à prendre toutes les mesures possibles pour l’édition 2013 et à imposer une obligation absolue de respect des normes acoustiques pour l’édition 2014. » Il demande aussi que soit réhaussé à 25.000 euros l’indemnisation du plaignant pour le bruit engendré sur dix dernières éditions. Une réserve cependant - « Pour l’avenir, c’est plus délicat » - et en cas d’échec - « il est plus qu’improbable que la commune dispose d’un autre site ».
« Les émergences sonores ont augmenté. La commune n’a pris aucune mesure véritablement efficace », a objecté l’avocat des plaignants, Me Patrick Gaulmin, qui somme l’organisateur d’adopter les propositions de l’expert en acoustique, Alain Chamboissier, notamment de tenir le seuil de 90Db en sortie d’enceinte et non plus 100Db. « M. Delmas n’est pas contre le festival. Il veut passer un mois de juillet tranquille. Or il a des camions et des gens qui passent et jettent des canettes. C’est infernal. » - Réplique immédiate du président rapporteur, M. Pocheron : « Maître ! Quelques jours d’été quand même ! On le connaît le festival ! » - « Il préférerait sans doute un festival de musique de chambre », glisse en douce le président de la cour, Gérard Ferulla.

« Le maire de Six-Fours n’est pas Harry Potter ! »
« Il est faux de dire que la commune n’a rien fait ! Depuis 2008, nous n’arrêtons pas mais techniquement il n’y a pas de solutions pour le moment. Le maire n’est pas Harry Potter ! », a contesté Me Oliver Grimaldi pour la commune de Six-Fours-les-Plages. « Allouer 2.500 euros par édition sur dix concerts, c’est honteux dans cette histoire », concluait-il. Quoiqu’il en soit la 17ème édition des Voix du Gaou aura bien lieu du 16 au 26 juillet prochains. La cour rendra son arrêt d’ici trois semaines. « Je ne sais pas si notre arrêt fera autant de bruit que les Voix du Gaou », a souri le président.
David COQUILLE

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