Le procès PIP a pris fin, laissant Jean-Claude Mas, campé sur la certitude que sa tromperie était sans danger.
18 mai 2013. Le « procès masse de monsieur Mas » s’est achevé hier, suivant la
formule de son avocat Me Yves Haddad. Après un mois de débats échevelés,
de réquisitoire et de plaidoiries endiablées, le tribunal
exceptionnellement délocalisé au palais des expositions du parc Chanot, a
mis son jugement en délibéré. Il sera rendu au tribunal de commerce de
Marseille le 10 décembre prochain. Entre temps, le tribunal de commerce
de Toulon aura statué, le 7 octobre, sur l’action civile de
distributeurs et porteuses d’implants qui réclament 50 millions d’euros
au certificateur allemand Tüv, accusé de négligences et qui se dit
victimes des manoeuvres frauduleuses de la société PIP.
Essuyant à l’ouverture du procès le 14 avril dernier les huées de
porteuses d’implants remplis de son gel non conforme, celui qui s’était
lui même dénommé comme le « grand satan », a pris la parole en dernier, à
la différence de ses quatre coprévenus qui ont judicieusement compris
qu’il valait mieux se taire. Jean-Claude Mas, lui, ne pouvait repartir
sans un dernier pied de nez à la salle, au média et à « ces dames, les
patientes, les victimes » qu’il a voulu rassurer et d’étrange manière :
« Le gel PIP, il est pas irritant mais pas du tout, il n’est pas
toxique, il n’est pas dangereux », a redit l’homme contre qui 4 ans de
prison ferme ont été requis pour tromperie aggravée et escroquerie.
Au centre de ce scandale planétaire sur 72 pays dont 30.000
françaises et pour lequel 7.545 femmes se sont constituées parties
civiles à Marseille, le septuagénaire inoxydable a émis un reproche et
un seul envers ses anciens directeurs jugés avec lui. Et cela en disait
long sur l’inaltérable conviction que son gel est le meilleur : « J’ai
un petit reproche à leur faire : j’ai l’impression qu’ils ont douté en
2009. » Cette année-là, la recrudescence de prothèses rompues allait
conduire au contrôle fatidique et trop tardif de l’Afssaps en mars 2010
et la décision de retrait des prothèses du marché.
« Mesdames l'anxiété, c’est psychosomatique ! »
« Il y avait certes des incidents, c’est la vie de l’implant qui est
comme ça », a dit Jean-Claude Mas qui avoue la tromperie mais ne cède
rien sur le caractère dangereux qu’il dénie. Différentes études semblent
lui donner raison. « Tous les tests de biocompatibilité avaient été
faits en amont par PIP », ont assuré hier en choeur le patron déchu avec
son avocat. C’est pas la faute à son gel « le syndrome d’anxiété qui
est devenu du stress, de l’angoisse, de la panique », c’est «
psychosomatique » ! « C’est pas un mauvais mot mais c’est
incontrôlable», s’empresse d’ajouter le plus sérieusement du monde
Jean-Claude Mas, empirique et toujours pas scientifique : « Après un
coup du lapin, je prenais du Lexomil, je me levais la nuit, j’avais le
syndrome de l’infarct. C’est une maladie sournoise, c’est une horreur ! »
Son avocat avait concentré son tir sur le ministère public, le
taxant de « parquet insuffisamment préparé », contre pied à la formule
maladroite car ironique du procureur Jacques Dallest qui avait dit de
PIP que c’était la « perspective d’irritation programmée ». « Mas, c’est
peut être un charlatan c’est une certitude, mais ses prothèses n’ont
tué personne dans le monde », a dit Me Haddad préférant voir dans ce
scandale « la faillite d’un système, de l’Afssaps qui a si honte qu’elle
a changé son nom, cette agence de sécurité qui ne sécurise rien, ce Tüv
qui ne certifie rien. »
David COQUILLE
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